Le mot choisi "Soleil" est le thème central d'une mosaïque d'évocations.
L'air est doux. Le rythme du temps en suspens. Le confinement mène chacun dans des chemins de traverse, d'exploration, d'urgence ou de tangente selon les conditions environnantes. Aux confins du confinement, le questionnement incessant et lancinant de Meena m'accompagne. Bercée par le mouvement du hamac et le vrombissement des moteurs coupeurs de gazon, les pages glissent lentement entre mes doigts. Profondeur des abîmes et résurgence, renaissance. Le soleil diffuse sa douce chaleur et ses rayons jouent rieurs entre les jeunes feuilles tremblantes des arbres. Les mots de Meena tantôt orage tantôt espoir sont emportés dans une sorte de clapotis de lumière.
Le reflet des feuilles danse à la surface de l'eau ridée. La brise de cette fin d'été vient rafraîchir l'ambiance rendue pesante par un lourd soleil de plomb. Le lac frémit à chaque souffle et ondule comme de plaisir, s'étirant de sa torpeur vespérale. Le sable crisse délicatement sous mes pas. Nonchalamment je choisis au hasard quelques cailloux plats et tente le geste des ricochets. Le lac encore trop paresseux refuse d'agir en ma faveur ; loin de tendre sa peau pour les galets faire rebondir, il ouvre tout grand ses eaux et comme affamé les engloutit tout rond. Et là, tout au fond, polis par les flots, parsemés de paillettes dorées ou creusés de noires cachettes secrètes, les rochers s'entassent, s'entremêlent ou s'arqueboutent dans des constructions hasardeuses où viennent se heurter, se ficher, se figer les branches sèches d'automne.
Le courant du ruisseau emporte avec lui les feuilles ocres et rouges, témoins du feu couvant de l'automne. Les arbres se dépouillent dans une douceur de miel. Le soleil coule par ondes apaisantes entre les ramures dénudées et se dépose fatigué sur le manteau coloré de la terre assoupie.
Cric ! Crouc ! Crac ! La glace se réveille dans la blancheur matinale. Le givre enveloppe les arbres de ses barbes acérées et de ses piquantes étoiles. Majestueux dans ces silhouettes frigorifiées, ils étirent leur bras au ciel vers le soleil, comme dans un appel, une prière, voulant se détacher de ce linceul roide et gelé. Leurs contours trop nets dans l'air froid et immobile se laissent délicatement enlacer par les volutes de buée qui émanent de la Terre. Les courageuses ardeurs de l'astre d'hiver réveillent patiemment les gouttes d'eau enfermées dans le carcan de la froideur. Les petits génies intérieurs reviennent à la vie irisés et rieurs et nous offrent de bon cœur des perles ruisselantes de petits bonheurs.
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