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L'Amour et ses noeuds

(News Février 2021)


Il était une fois un matelot, beau comme un Cupidon dans son caban bleu, aux brillants boutons dorés. Il aimait partir pour de longues traversées, vers les océans polaires et les mers lointaines. Pendant ses longs voyages, il trouvait plaisir et légèreté dans la compagnie des femmes les accueillant lui et ses coéquipiers dans les différents ports d’escale, depuis Amsterdam jusqu’à Buenos Aires, ou de Huston jusqu’à Shangaï. Or, cette année-là, il était resté plus qu’à l’accoutumée sur sa terre basque natale. À Donibane, dans son port d’attache, le charme tout particulier d’une jolie poissonnière avait attiré son œil et attisé sa ferveur. Elle était éblouissante lorsque, venant tôt au marché, elle portait élégamment sur sa tête la panière aux denrées ; son agilité et la grâce de son pas laissaient notre Cupidon en émoi dans son cœur et dans son corps. Cette belle poissonnière, fille d’un riche armateur, aimait à déjouer la surveillance de son père. Fier de cette beauté, la sachant bon parti, il exigeait pour elle le meilleur. Il s’arrangeait donc pour lui assurer une garde rapprochée qui ne laissait quasi aucun répit ni liberté à la demoiselle. Celle-ci, envieuse de toutes ses amies qui badinaient à loisir, allaient danser joueuses et rêveuses au bal du samedi, ne savait plus comment échapper à cette tutelle si sévère. Un soir pourtant elle y parvint et dans la folie de l’escapade se laissa séduire par la majestueuse allure d’un certain caban bleu aux brillants boutons dorés épiçant le doux regard bleu des yeux énamourés. Cupidon ne pouvant se réprimer dans son élan enfantin et enjoué conquit le cœur tellement fleur bleue de l’innocente poissonnière.

Décelant au petit matin la fatigue sur les fins traits du visage de sa fille, lui remarquant le pas plus lent et trébuchant, le père se doutant de quelque méfait se rendit d’une enjambée directe et assurée chez le matelot en repos. « Petit gaillard, lui dit-il, j’ignore quel lien tu as tissé avec ma fille. J’espère seulement que tu agiras autrement qu’en canaille de sorte que tu puisses continuer de porter ton caban bleu avec honneur et dignité »

Le matelot embarrassé devait partir le lendemain pour une nouvelle traversée. Se frottant les mains à la perspective de ces beaux mois d’aventure, il était bien loin de compter sur cette nouvelle fidélité. Il passa donc le jour tout seul, assis à méditer au bord de la falaise, tout près de la chapelle de cette sainte qui avait été enfermée par son père dans une forteresse inaccessible. Celle-ci se prit de pitié pour lui et lui dit ceci : « Doux Cupidon, je vois bien ton cœur en peine qui cherche l’amour là où il n’est pas et se perd comptant fleurette à toutes les belles jeunettes que ton regard transperce. Si tu veux trouver la paix, embrasse cette croix et offre un nœud à peine ébauché à celle qui te plaît. Tu sauras si te marier lorsqu’il te reviendra solidement souqué. »

Quelque peu abasourdi que Sainte Barbe en personne le conseillât, le matelot la remercia, embrassa la croix et s’en fut chercher de quoi amorcer un nœud. Tant bien que mal il entrelaça les deux bouts du bout en deux huits tels deux cœurs se liant ensemble.

Hésitant et s’en remettant à la force du destin, il alla frapper chez la poissonnière et son père. « Monsieur, dit-il, en gage de foi et de mon honnêteté, je viens remettre à votre fille ce nœud. Je m’engage à respecter et honorer ses désirs et volontés lorsqu’en février je reviendrai, le 14 exactement. »

Nœud de huit, nœud de grappin, La belle, que fera-t-elle ? Nœud de diamant, nœud de marin, À la Saint-Valentin, les liens D’engagement acceptera-t-elle ?



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