Judith, dame au grand cœur, croix templière sur le col, colombes de paix en collier, tenait en sa main une fleur. Une mission, elle se vit confier de la plus haute importance : réconcilier deux âmes esseulées et vêtues de noir. L’une appartenait à une femme dont le cœur, noble s’il en fut, était pareil à une étoile, étoile hélas éteinte et même brisée. Ce cœur retrouverait le chemin de la gaîté si l’on parvenait à rassembler ses 7 parts. L’autre âme était celle de Charles, un roi généreux et fort, sachant trancher avec perspicacité car maniant l’épée d’un bras assuré. Ce qui les séparait ? Les 7 épines ayant crevé le cœur de la belle Argine.
Judith ne disposait que de très peu d’atouts : un petit pochon avec trois diamants, trois pommes, six poires et sept scoubidous.
La chanson, elle la connaissait déjà. Et c’était sûrement celle que se répétait Argine dans son coin avec nostalgie et Charles dans ses aventures sur fond de farouche volonté d’indépendance.
Cette mélodie ne semblait pas de grande utilité à Judith pour mener à bien son œuvre, mais elle décida malgré tout de la garder en réserve.
Faisant fi de cet air entêtant, Judith parvint à réunir Charles et Argine dans un moment de confrontation. Ils semblaient tous deux disposés à créer du neuf. Lui y mit du cœur et se plia en quatre pour rester ouvert à la discussion. Elle de son côté s’adoucit, arrondit les angles et au fil de sa lutte contre une inquiétude aux nuages noirs traversant de façon incessante son paysage, une douce lumière s’infiltra et réussit à luire en elle. Elle dit enhardie : « Tu sais, je crois que cette nuit de flèches guerrières peut enfin être transformée. De toute façon, ces armes ne sont plus utilisables, puisqu’elles ont perdu leurs plumes et leurs fûts. Il suffit de récupérer leurs pointes et de les enjoliver. Qu’en dis-tu ? » Charles enthousiaste de prime abord acquiesça et les sept parts du cœur d’Argine purent se rassembler. Judith était ravie ; après tant d’épreuves, il semblait qu’un lien de cœur sain pouvait enfin se créer. Elle s’apprêtait à piocher un diamant dans le pochon quand elle vit Charles brandir son épée et s’écrier : « Je suis las de me plier en quatre comme une feuille de papier ; je veux exister ! » Cela ne fit ni une ni deux dans l’esprit de Judith : elle prit les trois diamants ensemble et les jeta au sol, juste au milieu, entre Charles et Argine. Ils se brisèrent. Ils se fracassèrent. Ils rebondirent et se transformèrent en neuf petites étoiles scintillantes qui commencèrent alors à éclairer le chemin de nos deux solitaires.
Argine, surprise par la soudaine réaction de Charles, se rétracta à nouveau et son cœur se reprit à s’embuer de tristesse. Elle se souvint de la solution qu’elle avait elle-même proposée et fit appel à la rondeur d’un tiers pour l’aider à ce que cette lutte prît définitivement fin. Elle mit les bouchées doubles et son cœur se consolida rapidement, gardant en lui comme un trésor la force de ce tiers généreux, solide et droit comme un chêne. Le cœur d’Argine se mit à scintiller de la même lumière que celle des étoiles et elle put même en déposer quelques perles sur les quatre parties pliées dont Charles se plaignait qu’il ne pouvait pas les lisser.
Tendrement et avec patience, cette lumière permit au Roi d’accepter sa vulnérabilité. Il put rengainer son glaive et, gardant un cœur rayonnant comme un soleil, accepter l’humilité d’un valet. Judith en fut toute chamboulée et vit le firmament s’emplir d’amour à l’infini. Charles et Argine s’apprivoisèrent petit à petit et dès qu’un quart d’once de guerre pointait le bout de son arc, ils savaient désormais comment retourner la situation de façon créative par des « Et si » d’harmonie. Ainsi, ils purent commencer à former une paire heureuse et épanouie. Il ne leur restait plus qu’un défi : affronter ensemble Alexandra qui déçue de se trouver détrônée s’acharnait contre le couple de ses commentaires mortifères. Mais le Ciel veillait en la personne de Judith depuis ses sept directions de lumière. Elle fit appel à la force de cœur du tiers. Celui-ci, par la grâce de la Trinité, maintint dans l’unité et la simplicité la complicité de ses deux serviteurs. Car complémentaires, ils s’offraient mutuellement leurs qualités dans une synergie accomplie.
Judith était radieuse. Sa rivale Pallas n’avait plus rien à faire d’autre que se tenir à carreau, tous les mois de l’année et même celui des congés payés.
Les forces étaient désormais équilibrées entre Argine et Charles. Ils purent faire rayonner l’éclat et la puissance du joyau unique qu’ils constituaient ensemble, tel un diamant serti en or ciselé.
Adieu les guerres de pouvoir : Argine adoucit de sa sensibilité le cœur de Charles tandis que celui-ci épaulait sa reine de la puissance vertueuse de l’hermine. Ensemble, ils ne consacraient désormais leur temps qu’à créer du neuf épanouissant et nourrissant.
Pour recréer une harmonie, auriez-vous fait pareil ? Vous y seriez-vous pris autrement ?
Merci de vos partages en commentaires.
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