La question du "vide" dans cette histoire peut-être vous interpellera-t-elle ou fera-t-elle écho en vous. L'histoire en elle-même peut sûrement vous parler d'une façon ou d'une autre, sans que vous vous en rendiez compte. Et si vous souhaitez devenir plus conscient-e de ce qui s'est joué pour vous autour de cet aspect du "vide", nous pouvons y regarder ensemble lors d'une séance de "détricotage psychosomatique". https://www.unechouettehistoire-64.com/prestations-individuelles
Il était une fois un Petit D'Homme très heureux, insouciant, curieux et riche d'une grande force d'exploration. Il questionnait et expérimentait intensément les événements de la vie. Le fruit des ses découvertes lui amenait des connaissances variées : parfois d'un goût agréable, elles lui permettaient de nourrir son enthousiasme et son pétillement. Parfois d'un goût amer, il lui était alors proposé de trouver en lui de nouveaux espaces pour retrouver la saveur de la vie. Ce Petit D'Homme grandissait donc dans le courant des expériences qui le traversaient corps et âme. Il se sentait un peu comme une argile qui se recréait sans cesse dans sa forme autour d'une structure en fil de fer elle même autour d'un vide. Il allait donc ainsi tentant de trouver la forme qui lui permettrait de déguster les arômes les plus délicats dans les aléas du hasard.
Un jour Petit D'Homme fût attiré par une grande Lumière. Une belle Lumière blanche, rayonnante, puissante. Curieux comme à son habitude, il s'en approcha. Il en aima la caresse et se plongeant une fois de plus à corps perdu se laissa submerger par ce flot intensément brillant. Une fois plongé dans cette vague, Petit D'Homme ne parvint plus à distinguer sa forme tant il était ébloui. Il sentit son argile se craqueler, son armature fondre et se retrouva dans le Néant qui constituait son intérieur. Il en fut bouleversé : d'un côté tant de douceur et de légèreté et de l'autre, il n'était plus rien. Ayant perdu sa forme, il était devenu invisible aux yeux de ses pairs. Il en fut doublement bouleversé.
Quand il croyait croiser une Lumière, il se mettait à crier "HéééOhhhh" comme un naufragé au milieu de l'Océan. Mais la Lumière passait son chemin : "Quoi ? Un tas difforme d'argile et de fer qui m'appelle moi ? C'est douteux. Je vais me retrouver prisonnière... Il vaut mieux que je passe mon chemin" Et la Lumière filait au plus loin. Quand il croyait croiser un autre Petit D'Homme, voire un Homme, il se mettait à gémir...
"Aide-moi à retrouver une forme, je t'en supplie ! Je n'y arrive pas tout seul et ça fait mal". Les réactions étaient diverses : Il y avait les pragmatiques bien-pensants : "Alors... t'avais tout pour être bien. Qu'as-tu allé te fourrer dans le pétrin. Tu t'es abîmé ? Ne t'en prends qu'à toi-même et débrouille-toi pour assumer" Il y avait les pragmatiques peu éclairés : "Alors, tu vas voir. C'est facile. Il suffit de mettre le fer d'un côté et l'argile de l'autre ; supprimer le vide ; et tout ira bien". Mais Petit D'Homme commençait à étouffer et restait ratatiné et rabougri incapable de sortir de son coin. Il y avait les pragmatiques qui avaient compris qu'il fallait du vide. Ceux-là mettaient en place un échafaudage avec de l'espace et mettaient l'argile dedans. Du coup, le vide était à l'extérieur, l'argile à l'intérieur. Elle tombait s'écraser au sol dès que l'Homme éloignait ses mains qui tenaient l'ensemble. Petit D'Homme sortait désespéré et épuisé de ces tentatives de reconstruction échouées. Il avait pourtant l'impression d'y mettre du sien... alors que l'Homme partait en lui marmonnant "Débrouille-toi pour tenir tout seul".
Petit D'Homme de nouveau réduit à l'état de boule confusément mêlée scrutait attentivement le flot de Vie. Il avait peur maintenant que chaque nouvelle tentative le ramène à son point de départ. Il regardait donc la rivière de l'existence couler à ses pieds sans qu'il puisse y participer vraiment et soupirait. Il était là, en tas, ramassé sur lui-même quand lui vint l'idée de faire les choses à l'envers. Il se mit à ne plus interpeler que les Hommes qui laissaient échapper de la Lumière et au lieu de leur demander de l'aide, il leur demandait simplement de lui raconter leur histoire. Il se mit à écouter, patiemment et à étudier discrètement les points communs entre toutes les histoires.
Il découvrit que ces Hommes-là avaient ceci de spécial qu'eux aussi étaient de grands curieux et avaient de grandes connaissances. Ils ne le montraient pas vraiment... mais quand il leur posait une question, ces Hommes-là lui répondaient avec des Connaissances vastes et des références, des sources auxquelles lui-même pouvait aller s'abreuver et assouplir son argile.
Il découvrit aussi que ces Hommes-là, à un moment ou à un autre s'étaient retrouvés à l'état de tas sans forme, et qu'ils avaient dû chercher comment se redresser pour à la fois accueillir le vide, et rester lié à la Lumière.
Pour chacun, cela avait été un défi spécial et tous en étaient sortis avec la même qualité : la tendresse pour chaque portion de fil qui tient plus ou moins et a parfois encore besoin de renforts, la tendresse pour chaque écaille d'argile qui parfois craque sous trop de sécheresse, la tendresse de sentir et d'accepter que les choses en soi bougent tout le temps et que tout cela ne peut rester ensemble que grâce à une colle très souple que Luis Anza appelle l'Amour.
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